Conférence principale 3 : Prof. Beat Föllmi

Le troisième exposé principal de la conférence “Vie chorale en Suisse, 19e-21e siècles” sera donné par le Prof. Beat Föllmi (Université de Strasbourg, France).

Vous pouvez lire ci-dessous le résumé en français de son intervention (l’exposé sera donnée en allemand).

L’œuvre chorale d’Othmar Schoeck : du postromantisme à l’avant-garde et au-delà

Othmar Schoeck (1886-1957) est tout d’abord connu comme le « maître du lied », plus récemment ces opéras ont également suscité un certain intérêt. Son œuvre chorale par contre, a souvent été considérée comme un travail de circonstance du jeune compositeur afin de gagner sa vie. Or la parution, dans le cadre des Œuvres complètes, du volume contenant l’œuvre chorale (publié en 2002), a fait apparaître, à travers d’environ 350 pages de partition, un corpus varié et par moment surprenant. A ces compositions, écrites spécialement pour chœur (d’hommes ou mixtes), s’ajoutent des chœurs insérés dans les opéras.

Dès son retour de Leipzig en 1908 où il avait étudié auprès de Max Reger, Schoeck assume à Zurich la direction de plusieurs chœur d’hommes, d’abord le chœur « Harmonie » et puis ceux d’Aussersihl et des maîtres d’école (Lehrergesangverein). Il quitte ces fonctions en 1918 après avoir obtenu une bourse annuelle de la part du mécène Werner Reinhart et suite à son élection à la tête de l’orchestre symphonique de Saint-Gall. C’est pendant cette activité de chef de chœur que Schoeck écrit quelques-unes de ses compositions chorales les plus importantes : Postillon, op. 18 (Nikolaus Lenau), Dithyrambens, op. 22 (Goethe), Chanson de route (Wegelied), op. 24 (Gottfried Keller), et Roulements de tambours (Trommelschläge), op. 26 (Walt Whitman).

Confronté à l’avant-garde de l’Ecole de Vienne lors du festival de Salzbourg en 1923, Schoeck modifie complètement son écriture. L’opéra en un acte Penthesilea (écrit entre 1923-1925) témoigne de cette nouvelle radicalité ; on y trouvera des passages audacieux confiés au chœur mixte. Mais l’accueil réservé de la part du public le ramène à la réalité. Encore une fois le compositeur modifie son écriture, en se rapprochant des styles néoclassique et néoromantique. Deux œuvres chorales du début des années 1930 reflètent cette transformation : Les trois (Die Drei), s. op. n°39 (Lenau), et Cantate, op. 49 (Eichendorff). Finalement le style tardif du compositeur, dès les années 1940, s’exprime entre autres à travers quelques pages abouties de musique chorale qui renouent avec les débuts de Schoeck dans ce domaine, notamment Pour un festival de chant au printemps (Für ein Gesangfest im Frühling), op. 54 (Keller), Vision, op. 63 (Keller), et Bataille de machines (Maschinenschlacht), op. 67a (Hermann Hesse).

Il n’est désormais plus possible d’affirmer que ces compositions chorales seraient le travail du jeune Schoeck postromantique, suivies de quelques œuvres tardives et épigonales. Tenant compte des chœurs d’opéra, on constate que Schoeck écrit durant toute sa vie pour chœurs – allant des formes les plus simples a capellaaux effectifs les plus monumentaux, d’une écriture quasiment « folklorique » jusqu’à l’utilisation des techniques vocales empruntées de l’avant-garde.